Pour la gazelle: histoire de taverne

Notre journaliste, Mcc20, recueille des anecdoctes entendues ou vécues en taverne.

3 de vos récits seront retenus pour paraître dans la Gazelle et obtiendront une subvention de la ville: à vos plumes Wink

Comment participer à ce nouveau concours?

Tout simplement en envoyant vos récits (pas de restriction sur la quantité: il s'en passe des choses à la Dent de Rat Wink

) au bureau du nomarque.

Et voici les histoires:

"Une longue journée de labeur sous un soleil de plomb m’avait épuisé. Pourtant il me restait juste assez d’énergie pour aller dîner à la taverne. Après un passage rapide dans ma maison de bois près du Nil pour changer de pagne, je pris le chemin de terre pour rejoindre la ruelle menant au cœur de la ville.

Une querelle éclata sur la place du marché. Un nombre important de mes concitoyens vociféraient et levaient le poing à la face des taverniers médusés. L’annonce était pourtant claire « fermeture exceptionnelle pour travaux ». Je devais me rendre à l’évidence j’allais encore dormir le ventre vide. Au moment de faire demi-tour, j’entendis une voix que je connaissais bien crier mon nom. Elle était entourée d’admirateurs de noble naissance comme à son habitude et arborait un large sourire qui illuminait son visage. C’était mon amie d’enfance Néféret. Comme toujours elle me sauta au cou pour m’embrasser sous les regards agacés des jeunes nobles. Elle me supplia de la suivre dans sa nuit de folie me précisant qu’elle se rendait ce soir dans un établissement plus intéressant et plus joyeux que la taverne de notre ville et conclut qu’il était temps pour moi de m’amuser. Sous ces quelques mots se cachait la dure réalité de ma vie. J’étais un jeune homme solitaire et dépourvu d’originalité, Néféret avait raison sur un plan, il fallait que je m’ouvre aux autres et que je commence à vivre.

La troupe de joyeux lurons arriva devant la taverne « des deux terres ». Je fus tout d’abord impressionné par la beauté du lieu et le bruit qui s’en échappait. En effet, un nombre impressionnant de clients s’amassait au comptoir tandis que d’autres attendaient qu’une table se libère. Le nouveau fiancé de Néféret glissa une jolie somme d’argent à une serveuse et obtint une table où nous nous installâmes sous les protestations des autres clients. La bière de dattes coula à flot.

La porte de la taverne s’ouvrit, en cet instant le monde disparut. Je fus foudroyé. Néféret me secoua violemment en riant. Tu as vu Seth ? me demanda-t-elle. Non pas Seth mais la plus belle des jeunes femmes qu’il m’ait été permis de voir. C’est alors que le plus improbable des scénarios se déroula. La belle inconnue vint vers nous. Paralysé, le cœur battant à tout rompre, je demandai à Néféret si elle connaissait la fille qui s’approchait de nous en souriant. Sa réponse me rassura un peu. La belle inconnue ne l’était pas vraiment, elle était tavernière dans la ville de Denderah et s’appelait Sandrine.

A partir de cet instant plus rien ne serait comme avant.

Sandrine vint s’asseoir en face de moi et engagea la conversation, ou plus exactement me questionna avec insistance, ce qui m’incita à la nommer « commissaire ». Je lui offris un verre de bière qu’elle refusa gentiment préférant un cocktail denderien au nom étrange. Son sourire, sa voix, son regard profond, sa façon de bouger ses mains en parlant, tout en elle me transportait. Soudain, Néféret se pencha vers Sandrine et lui glissa quelques mots à l’oreille. Je compris en les voyant rire que les deux femmes se moquaient de moi, car connaissant Néféret il ne pouvait pas en être autrement. Nous passâmes le reste de la soirée à rire et à refaire le monde sans que jamais mon regard ne quitte celui de Sandrine.

C’est au lever du jour que le petit groupe se sépara non sans mal. Certains ayant atteint le point critique de l’équilibre, le retour allait être plus que périlleux. Malgré tout nous regagnâmes tous sains et saufs nos maisons. Quand à moi jeune fellah de Nekhen, je sombrai dans un sommeil fait de rêves dont le premier fut de tenir dans mes bras la belle tavernière de Denderah.

Alexis_"

L’histoire que je vais vous raconter ci–après s’est déroulée il y a déjà un an et demi lors de mon retour d’école. J’avais en effet décidé de profiter des beaux jours du mois de juillet pour bénéficier de l’éducation que les Maîtres Scribes de la belle école de Karnak proposent à chaque Egypticien. Après 15 jours de dur labeur et de lancés de boulette de papyrus sur notre maître, j’eus l’idée de prolonger mon voyage en passant quelques jours de repos bien mérités dans la belle cité de Nekhen. J’avais rencontré en taverne un Nekhenou, Alexis, un mois auparavant et je souhaitais lui faire la surprise d’une visite.

J’arrivai donc un beau soir en la taverne de Nekhen où je fus chaleureusement accueillie par Ulyssia et Bérénice, ses sympathiques taverniers. Après un petit tour des magnifiques chambres et différentes pièces de la taverne, j’eus enfin l’immense joie de voir un Alexis tout surpris entrer en taverne. Peu après, son ami Siwa nous rejoignit et c’est là que l’histoire la plus folle des tavernes débuta.

Nous étions tranquillement occupés à déguster les spécialités qu’Ulyssia nous proposait lorsque celle-ci proposa à Alexis et Siwa de faire une petite représentation en mon honneur. Je m’enquis, intriguée, de quelle sorte de représentation elle parlait et Ulyssia m’apprit que nos deux amis étaient experts en patinage artistique de taverne. Après une quinte de toux dissimulant un début de fou rire, je demandai aux artistes si c’était vrai.

- Bien sûr, me répondit aimablement Siwa. Si tu le désires nous allons revêtir nos tenues pour te faire une représentation inoubliable.
- Nous sommes de grands patineurs tu sais, m’affirma Alexis.
- Oh vous avez même une tenue  Je meurs d’impatience de vous voir en collants.
- Oh mais pas uniquement des collants Sandrine, intervint Ulyssia. Ils ont également de jolis pagnes-tutus que je leur ai cousus.
- Allez Alexis, allons-nous changer pour donner un magnifique spectacle à notre amie.

Et Alexis suivit, un peu inquiet, son partenaire de patinage.

Ulyssia m’invita à boire un nouveau Lotus Bleu, spécialité de Nekhen, en attendant nos deux artistes. Lorsqu’ils firent leur entrée sur scène j’éclatai de rire. Siwa revêtait un joli tutu rose vaporeux ainsi que des collants qui lui arrivaient en dessous du genou laissant apparaître une belle pilosité. Duvet également présent dans son large décolleté. Alexis, quant à lui, était tout de bleu vêtu. Il arborait également un tutu et des collants. Sa tenue était plus longue que celle de son ami et je ne pouvais qu’admirer ses muscles ainsi que ses jolies tablettes de chocolat fondu.

Notre charmante tavernière m’attira derrière le bar en me disant que c’était pour se protéger des portés.

- Les portés ? lui demandais-je. Mais de quoi parles-tu ?
- Chuut. Prends ce tambourin et regarde.

Elle commença alors à taper sur le sien et je suivis son exemple.

Alors Alexis et Siwa nous saluèrent et après avoir écarté les tables de la taverne, entamèrent leur glissade.

Après avoir effectué quelques tours d’échauffement, Alexis prit Siwa par la main et ils commencèrent à faire de jolies voltes, boucles et des serpentins. Ils se séparèrent et alors qu’ils étaient à l’opposé l’un de l’autre, Siwa pris son élan et sauta vers Alexis qui l’attrapa par la taille et l’éleva au dessus de sa tête pour partir tournoyer au centre de la taverne. Il grimaça quelque peu avant de redéposer son partenaire sur le sol.

- Siwa aurait-il pris un peu de poids ? Il me semble que son costume le boudine plus que d’habitude, pensa-t-il lors de la réception.

Alexis repris la main de notre homme en rose et ils nous firent le plaisir d’exécuter quelques sauts. Ulyssia et moi-même étions stupéfaites par l’élégance de leur boucle piquée et leur triple axel malheureusement raté. Ils atterrirent tous les deux sur le sol tout en gardant le sourire. Alors Alexis commença à faire tournoyer Siwa autour de lui. Nous éclatâmes de rire lorsque, Alexis lâchant trop tôt la main de Siwa, ce dernier vola vers la fenêtre, toujours ouverte, de la taverne et se retrouva dans le Nil.

Il revint en taverne et m’invita pour réaliser une figure spéciale. Je positionnais donc mes pieds sur ses patins et nous dansâmes quelque peu. Ce fut une expérience agréable et quelque peu incongrue surtout lorsqu’il m’attrapa par les hanches pour me jeter vers Alexis et que j’atterris sur le lustre de la taverne. Je me mis alors à éternuer : le lustre était couvert de poussière. J’appelais Alexis afin qu’il m’aide à descendre de cette inconfortable position mais il était trop occupé à rire de ma situation derrière le comptoir avec notre amie Ulyssia pour venir me porter secours. Ce fut donc Siwa, ayant pitié de moi mais riant également, qui me décrocha de mon lustre à l’aide d’une échelle trouvée en réserve.

Depuis lors, chaque fois que je croise Ulyssia, je lui offre un vieux pagne d’Alexis pour nettoyer les lustres de la taverne du Faucon Sacré.

Sandrine

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